Les auteurs / présentation des éditions Bretzel

NOS AUTEURS

portrait Frontère
portrait Frontère

  Laurent Frontère est peintre et sculpteur. Né en 1961, autrefois, il a été chimiste. Il écrit de la main gauche, ce qui explique que, pendant son enfance, lointaine époque où l’on utilisait encore le porte-plume, ses cahiers étaient couverts d’infâmes pâtés et ses menottes, maculées d’encre (Voir photo). Né dans une famille d’imprimeurs, dans les odeurs d’encre et de papier, il en a acquis un certain goût pour la fabrication du livre. Son inspiration littéraire puise dans une culture scientifique bien digérée et revisitée avec une fantaisie débridée et un goût certain pour le canular.

  On comprendra, à la vue de leur catalogue, que les éditions Bretzel sont, pratiquement, entièrement dédiées à la publication des oeuvres du susnommé Laurent Frontère.

  Son premier roman, Voyage à dos de mérou, publié chez Bretzel, reprend les canons graphiques du roman d’aventures scientifiques du XIXe siècle, même si son contenu humaniste et fantaisiste vise plutôt du côté de Bouvard et Pécuchet ou vers les romans philosophiques du XVIIIe siècle.

  Parmi les oeuvres romanesques de cet individu productif, citons L’un dans l’Autre et Prise de tête au pays des Soviets où le genre burlesque est poussé assez loin, Un lion au déjeuner, court roman tendre inspiré de l’Afrique de Karen Blixen, De mots qui ne se peuvent dire, roman d’aventure dans le contexte historique des guerres de Religion, Lettres du moulin d’Arbus, recueil de nouvelles autour du moulin de son enfance.

  Laurent Frontère a écrit quelques biographies et chroniques, qu’elles soient historiques, illustrées par ses soins et gentiment décalées (Gaston Fébus, Jeanne d’Albret, Antoine de Tounens, Jean-Baptiste Bernadotte), ou parodiques (Ouakaris chauves dans le crachin, parodie de la vie de Dian Fossey ; Eugène Mimonce, le poète oublié , exhumation douteuse d’une gloire locale ; Le Trésor d’Odon le Poilu, chronique historique fantaisiste du village de Montestrucq, son lieu de résidence dans le Piémont Pyrénéen). Seul Gaston Planté, l’ermite des Sciences est marqué par un sérieux et une rigueur implacables.

  L’auteur a fait une incursion en littérature jeunesse avec Barnabé s’ennuie. Il a aussi écrit deux pièces de théâtre dans le genre burlesque à mettre à son actif (Bons baisers de Titan, pièce de boulevard spatial ; Prends garde au chien, pièce de boulevard zoophile).

  On mentionnera aussi son travail de préfacier dans Le bonjour d’Alfred, correspondance entre deux scientifiques, ou dans Lettres espiègles de deux jeunes nobles désoeuvrés, et de traducteur-enquêteur dans Le piano immortel, voire d’expérimentateur-linguiste dans Enfermé dans l’utérus d’une chèvre.

  Je crois qu’il ne manque plus rien. Ah, si ! Signalons J’élève mon député UMP, manuel de dresssage d’un genre particulier paru chez Myriapode et aujourd’hui épuisé.

Alfred Moquin-Tandon
Alfred Moquin-Tandon

  Alfred Moquin-Tandon (1804-1863) est d’origine montpelliéraine. Pour avoir embrassé la religion protestante, ses ancètres Moquin ont dû un temps s’exiler en Suisse. Par atavisme familial, il s’intéresse aux sciences et à la langue romane, ancêtre de l’occitan. Docteur ès science, puis en médecine, il se consacre par la suite à la botanique. Professeur de zoologie à Marseille, il s’intéresse activement aux mollusques de tous poils, et plus particulièrement aux sangsues au sujet desquelles il publie une étude remarquable. Puis il devient professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Toulouse où il s’établit pendant de longues années, fondant famille. Il est également directeur du muséum et du jardin botanique de la ville.

  En 1836, il publie à cinquante exemplaires un canular littéraire, le Carya Magalonensis, que nous avons réédité, et qui est supposé être les chroniques de l’évèque de Maguelone, sous la forme d’un manuscrit du XIVe siècle. Au passage, ce canular trompe quelques érudits, spécialistes de cette langue.

  Cet ouvrage ne lui vaudra pas que des admirateurs. Quoique ayant publié nombre d’ouvrages faisant référence en botanique, sa candidature à l’Académie des sciences est plusieurs fois rejetée avec des motifs d’une parfaite mauvaise foi, en dépit du soutien d’Auguste de Saint-Hilaire, ancien président de cette assemblée, lui-aussi botaniste, car il a été son professeur, et lui-aussi de Montpellier. La correspondance échangée entre les deux hommes apporte ainsi un témoignage des préoccupations d’un botaniste de la milieu du XIXe, et des multiples péripéties de Moquin-Tandon pour parvenir à s’asseoir sur ledit fauteuil d’académicien. Nous republions ainsi, sous le titre Le bonjour d’Alfred, quatre-vingt une lettres de Moquin-Tandon à Auguste de Saint-Hilaire, correspondance s’étalant des années 1826 à 1851. Ce dernier ne verra pas la victoire de son protégé, mais y contribuera à sa manière puisque Moquin-Tandon sera le successeur de Saint-Hilaire à l’Académie après son décès en 1853. Moquin-Tandon s’éteindra en 1863 après être devenu directeur du Jardin des Plantes de Paris et membre fondateur de la Société botanique de France.

Turgut Yuzblu
Turgut Yuzblu

  Turgut Yuzblu est d’origine turque. Né à Izmir en 1938, il passe sa petite enfance dans la confiserie de sa grand-mère paternelle. De retour de la guerre, son père démobilisé développe considérablement l’affaire. Les loukoums Yuzblu assurent bientôt la fortune familiale. Le jeune Turgut a une lubie : il veut devenir métallophoniste, puis se passionne pour le yukulélé dans l’incompréhension familiale. Apprenant de sa mère, sur son lit de mort, que son vrai père était un scaphandrier chypriote, pour retrouver ce dernier, il s’embarque clandestinement sur un cargo qui ne le conduit pas à Nicosie, comme il le pensait, mais à Marseille. Plein de ressources, on le retrouve bientôt au conservatoire de Montlhéry où il enseigne le yukulélé et le métallophone. Grâce à lui, ces deux instruments connaissent un engouement fantastique dans la région. Il fait alors la rencontre de celle qui sera bientôt son épouse, Evelyne Ponchon, arrière-petite-fille du cardinal Dugléré, laquelle prêche pour la révolution prolétarienne. Evelyne pousse Turgut à développer son talent d’écrivain. Ce talent est fécond. Après un premier recueil de nouvelles, Le zouave, paru en 1964, suivent bientôt une quinzaine de romans au style lyrique qui passent inaperçus. Visitant le zoo de Vincennes, il reste pétrifié à la vue d’un rhinocéros : victime probable d’un accident vasculaire cérébral, sa production littéraire devient délirante, dans la lignée d’un Antonin Artaud. Le chacal du cognassier lui attire la sympathie des Surréalistes, suivi bientôt de La chartreuse du jambon de Bayonne, de La mercière pudibonde, ou encore de Entre tes doigts de pieds, Prosper et les séditieux, La Berrichonne satanique. En 2006, de retour dans son pays natal, il disparaît mystérieusement, comme évaporé, dans les ruines d’Éphèse.

Caillot Duval
Caillot Duval (portrait présumé)

  Caillot Duval est né à Nancy ; ou peut-être pas. En tout cas, on en entend parler à partir de 1785. Et pour cause : il s’agit du pseudonyme choisi par deux nobles, lieutenants du régiment du roi en garnison à Nancy, pour leurs canulars épistolaires. Lors de l’hiver 1784-1785, poussés par le désœuvrement, Alphonse, comte de Fortia de Piles (1758-1826) et le chevalier Louis Boisgelin de Kerdu (1758-1816) écrivent ainsi 120 lettres farfelues à des correspondants les plus divers, parfois pour régler quelques comptes. Ces jeunes gens cultivés entendent piéger les crédules et les fats en maniant avec art les compliments appuyés. Mais ils peuvent aussi être beaucoup plus vindicatifs, voire obscènes. Nous rééditons leurs canulars sous le titre Lettres espiègles de deux jeunes nobles désoeuvrés. Fortia et Boisgelin sont liés à Grimod de la Reynière, mais aussi à leur aîné, François Jourgniac de Saint-Méard (1745-1827), franc maçon comme eux, et président de la société universelle des Gobe-mouches.
Mais bientôt, la Révolution va frapper ces jeunes insouciants aux plaisirs de lettrés. Ils partiront un temps en exil et en profiteront pour visiter l’Europe de l’est et du nord. Si Boisgelin préfèrera rester prudemment en Angleterre, Fortia de Piles reviendra dans la région de Marseille dont il est originaire. On les verra alors publier d’untiles carnets de voyage, manuels complets à l’usage des exilés.
Fortia de Piles continuera à publier divers ouvrages polémiques. Aigri, peu heureux dans son mariage, enferré dans un ultra-royalisme qu’encourage la Restauration, il mourra sans hériter, en ayant perdu ses enfants en bas âge. Dix ans plus tôt, son ami Boisgelin décèdera peu après son retour d’exil.

Ulysse Beckhert
Ulysse Beckhert

  Ulysse Beckhert est originaire d’Ostende. Né en 1948, d’extraction très modeste, une tendinite pernicieuse le contraint à abandonner son métier de matelassier-tapissier. Il installe alors une baraque à frites en bord de mer. Doté d’un physique peu avantageux mais dur à la besogne, il en est réduit à se prostituer auprès d’une clientèle de bourgeoises emperlousées venues chasser leur ennui sur les plages de la mer du Nord. Il racontera ces années-là dans un puissant récit autobiographique, La moule et la frite. Ses amours tumultueuses avec la souffreteuse Lillie De Brooks lui inspireront le roman Les ventouses. Après un bref passage mystique et une retraite dans un monastère des Ardennes, il se découvre un don pour les placements boursiers qui le mettent définitivement à l’abri du besoin. Dans une série de livres inclassables, mi-récits fantasmagoriques, mi-reportages aux descriptions quasi-cliniques – Coupe-chou, Peine perdue, Le miroir, Les désenchantés,… -, son pessimisme noir teinté d’absurde sont sa marque de fabrique.

Anita Langevin
Anita Langevin (au centre, avec Rose Fourrier)

  Anita Langevin est née à Brive en 1919. Après quelques années passées à vendre des fromages sur les marchés de la région, elle hérite du bar-auberge de ses parents. Elle se marie avec un certain Paul Lafargue avec lequel elle a trois enfants. Puis, du jour au lendemain, à trente-huit ans, alors qu’elle donnait toutes les apparences d’une petite vie rangée avec ses pratiques bigotes, fatiguée d’un mari buveur et volage, elle envoie tout balader. Elle affiche alors au grand jour son dégoût des hommes et sa passion amoureuse pour sa future compagne, Rose Fourrier. Le bar familial devient Cercle amazonien de Corrèze. Son exemple militant fait ainsi quelques émules. Elle publie bientôt plusieurs recueils de poésies licencieuses à la verve joyeuse et truculente : le fameux Rubis, mais aussi Départ pour l’Amazonie, et La rosière impudique.