L’œuvre poétique d’Eugène Mimonce
Extraits 1 : Le Vent des solfatares
Les volcans
J’adore des volcans le spectacle dément.
Ils vomissent leur pierre en flots inexorables
Qui se figent, formant de gracieux excréments,
Et lâchent leurs scories en pluies invraisemblables.
Ils embrasent les cieux, tels un feu d’artifice.
Et signent leurs exploits d’un panache farouche.
Leurs cratères profonds sont de vils orifices,
Des gaz fatals s’enfuient de leurs fétides bouches.
Leur force est terrifiante et très dévastatrice.
En un spasme violent, tout est anéanti.
Mais leurs bienfaits, pourtant, ne sont pas démentis.
Car, de la glèbe, ils sont la fertile matrice.
Aujourd’hui, champs de lave à l’aspect désertique,
Demain, riches terroirs aux charmes bucoliques.
Champs phlégréens
Péninsule italique,
Très haut-lieu touristique
Pour les saint-simoniens.
Des ecclésiastiques
Soudain pris de panique,
Ne sont pas cartésiens.
Les tout-petits caciques
De la géophysique
N’y comprennent plus rien.
Aléa volcanique,
Voilà la fin tragique
Des anciens Pompéiens.
Âcre odeur méphitique,
Des vapeurs sulfhydriques
Dans les Champs Phlégréens.
La chimère lubrique,
Glas fantasmagorique,
D’antiques plébéiens.
Tempérament volcanique
À Pompéi, parfois, son profil débonnaire,
Pourrait laisser penser que sous son blanc panache
Le Vésuve est un doux. Mais en fait il nous cache,
Sous un sommeil trompeur, ses instincts sanguinaires.
C’est un voisin grossier qui enfume et qui crache,
De loin un peu hautain, mais de près au contraire,
D’un trop-plein de chaleur pour tous les téméraires
Qui voudraient l’approcher sans griller leur moustache.
Car qui connaît vraiment ses humeurs lunatiques
Ne s’y risquerait pas sans l’impérieux va-tout
D’une curiosité de martyr scientifique.
Si vous l’importunez, il vous lance au visage
Une nuée ardente : ç’en est fini de vous !
Fuyez tant qu’il est temps l’inquiétant personnage.
La porte des Enfers
On dit que Belzébuth habiterait, sous terre,
Avec femme et enfants, et tout son équipage,
Un antre aménagé au tréfonds d’un cratère
Contenant ses fourneaux, matériel d’écorchage,
Arrachoirs de tétons, pinces d’essorillage,
Que les Champs Phlégréens sont l’entrée des Enfers,
Qu’il s’y livrerait là à d’affreux découpages
Sur tout pécheur à la confession réfractaire.
Les oisifs indolents, avaricieux, envieux,
Cupides, coléreux, goinfres et luxurieux
Y seraient donc punis par d’atroces tortures ?
Pour ma part, je n’en crois pas un mot, ventrebleu !
Car je ne peux penser que Dieu, si généreux,
Soit si peu bienveillant pour la désinvolture.