Jean-Baptiste Bernadotte, le soldat de la République à qui l’on offrit d’être roi

10,00

Laurent Frontère
Editions Bretzel
32 pages
30 x 20 cm
10 euros
ISBN 978-2-9551648-8-4

UGS : 978-2-9551648-8-4 Catégories : , , ,

Description

Courte biographie peu académique,
légèrement décalée, et sans préjugés

  Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1844) dit de lui-même que personne n’a eu une vie semblable à la sienne ; il n’a peut-être pas tort !

  Né à Pau sous Louis XV, fils d’un bourgeois fauché, il s’engagera dans l’armée pour grimper peu à peu tous les ééchelons, ce qui sera rendu possible par la Révolution. Républicain convaincu, général charismatique, ce rival de Napoléon devra courber l’échine sous le Consulat et l’Empire : pacifiste, il est effrayé par l’expansionnisme à outrance de ce dernier.

  Tombé en disgrâce, sa vie bascule quand, en 1810, un jeune baron lui propose rien moins que le trône de Suède…

  Illustrée par l’auteur, cette biographie express raconte le destin paradoxal d’un homme devenu roi en partie à la faveur de la Révolution.
Un homme dont le caractère et le panache ne sont pas sans évoquer l’autre grande figure royale paloise : Henri IV !

 

Petite digression culinaire…

  Après la mort de son prédécesseur, le vieux Charles XVIII, en 1818, arrivé sur le trône de Suède, Bernadotte, devenu Karl-Johan, devait connaître un long règne qui ne s’achèvera qu’en 1844.

  L’acclimatation du prince héritier fut douloureuse pour ce méridional, Bernadotte ayant en particulier du mal avec la cuisine suédoise. Il dira :  «Le vin est mauvais, les gens sont sans tempérament, et le soleil sans chaleur ».

  Pour améliorer son ordinaire et celui des Suédois, il modifiera les habitudes culinaires de la Cour et au-delà : on importera des denrées inconnues en Suède jusque-là comme les artichauts et les asperges, ou le caviar et le chocolat. Le poulet aura les faveurs de sa table, ainsi que les cèpes, toujours nommés Karl Johan en sa mémoire et que les Suédois négligeaient par méfiance, préférant les jeter aux bestiaux. Enfin, les mauvais jours, le prince héritier déjeune d’un œuf à la coque, toujours à sa disposition sur la table.

  En hommage à Bernadotte, voici une liste des fleurons de cette cuisine suédoise tant redoutée par notre Béarnais :

Surströmming : spécialité à base de hareng fermenté. De l’avis général, le joyau de la cuisine suédoise ! Il est interdit de transporter des boîtes de surströmming en avion pour d’évidentes questions de sécurité. Un vêtement qui en serait taché doit être jeté. Pour de mystérieuses raisons, les Suédois dégustent le surströmming en extérieur.Voir en particulier https://www.youtube.com/watch?v=wmu7bHj81WI
Pölsa : purée de viande de bœuf hachée, de foie, de cœur, habituellement servie avec des betteraves.
Lungmos : purée de poumon de porc ou de veau.
Isterband : saucisse au goût très acide dû à l’incorporation de ferments lactiques dans la viande de porc.
Lutfisk : morue dessalée servie à Noël avec une sauce blanche.
Blodpudding : boudin suédois très sucré qui se mange frit à la poële avec de la confiture d’airelles.
Djungelvral : redoutables boules de réglisse salée, innovation récente.
Svartsoppa : soupe de sang d’oie consommée traditionnellement dans le sud de la Suède et principalement à la Saint Mårten, le 10 novembre.
Nyponsoppa : soupe de cynorrhodon. Sucrée, elle se mange en dessert. On peut trouver son odeur révoltante.
Spettekaka : gâteau à base d’œufs frais et de fécule de pomme de terre, cuit au tourne-broche, friable, avec la consistance du polystyrène.

– Illustrations –

  Les 32 pages de l’ouvrage alternent 16 pages de texte avec 16 illustrations pleine page, véritables tableaux mettant en scène les différents protagonistes dans des décors d’époque. Le tout est assorti de philactères au ton joyeusement décalé.

  Ces illustrations, aussi décalées soient-elles, s’attachent néanmoins à rendre compte d’une réalité historique attestée, même sous un mode parodique ou burlesque.

 Voici donc deux exemples :

 

Bernadottee page 15

  L’épisode relaté ci-dessus donna aux Suédois une haute idée de la profonde clémence de Bernadotte, qui n’est alors qu’un général de Napoléon. C’est sans doute à cause à cela qu’il dut le trône de Suède. Extrait :

  « Fin 1806, la Grande Armée est en guerre avec la Prusse. Bernadotte poursuit les Prussiens jusqu’à la Baltique et prend Lübeck avec l’aide de Davout et de Soult lequel n’adore rien tant que pillages et mises à sac. Bernadotte, quant à lui, est fidèle à sa réputation : il prend des mesures pour la protection des populations, traite avec beaucoup d’égards un corps de 1 600 Suédois dont il a obtenu la reddition, héberge et convie à sa table les officiers défaits parmi lesquels le comte Gustav Mörner qui le commandait.

  Il faut dire que Bernadotte pousse très loin la courtoisie : il autorise les officiers à conserver leurs armes et bagages et leur donne de l’argent pour qu’ils puissent aller par leurs propres moyens à Paris pour se rendre comme prisonniers de guerre, comptant sur leur sens de l’honneur ! »

 

Bernadotte page 21

  Désiré Clary, ancienne maîtresse de Napoléon et épouse de Bernadotte, est un autre personnage important de cette histoire. Devenue reine, elle ne se plut jamais vraiment dans ces contrées septentrionales. Deuxième extrait :

  « Désirée, d’humeur bougonne, est horrifiée à l’idée d’aller passer le reste de sa vie dans des contrées glacées, loin de son Marseille natal, et par leur animosité, les Suédois le lui rendent bien : la Cour lui rappelle son extraction roturière et murmure que cette rouquine un brin boulotte n’est qu’« un petit paquet mal fagoté ». Si bien qu’après six mois sur le sol suédois, arrivée un jour de grand froid, la princesse Désirée rentre à Paris. Elle ne reviendra que douze ans plus tard. »