Un lion au déjeuner

10,00

Laurent Frontère
Les éditions Bretzel
142 pages, pas une de plus.
10 euros,
ISBN 978-2-9530405-2-4

UGS : 978-2-9530405-2-4 Catégories : , ,

Description

  Un lion au déjeuner est né d’une anecdote vraie, celle de deux Anglaises déjeunant en brousse du côté de l’Afrique de l’Est avec tout le matériel nécessaire à un pique-nique un peu sérieux. Attirés par l’odeur des grillades, deux grands Massaïs – ou étaient-ce des Yirimis ? – s’approchent, entièrement nus, l’un d’entre eux armé d’une lance. Prises d’un moment de panique – Qu’allait-il donc se passer ? –, ces dames, en bonnes Britanniques, masquent leur émotion dans un flegme tout victorien. Les deux hommes ne parlent pas anglais et s’invitent à manger, comme si les lois de l’hospitalité étaient un bien culturel commun à l’humanité entière. La suite de l’histoire ? Tout se passa paraît-il fort bien, même si ces dames n’osèrent pas regarder ces messieurs, troublées par leur nudité.

  De cette anecdote, Laurent Frontère a tiré un court roman dans lequel chacun des protagonistes, les quatre principaux et quelques personnages secondaires, donnent leurs points de vue, plus ou moins divergents.

Obama-et-moi
Washington, 7 juin 2010

  Ce récit s’inscrit dans le contexte du Kenya de l’immédiate après-guerre, dans un milieu de planteurs de café proche du Kenya de Karen Blixen. La géographie des lieux, les soucis des anciens colons confrontés aux populations indigènes et leur réciproque constituent une Afrique fantasmée et révolue imprégnée des réminiscences de sa Ferme africaine. Mais, autre influence avouée, la place centrale de ce repas qui conduit les convives à évoluer vers des espaces inexplorés de la conscience n’est pas sans évoquer l’humanisme tendre du Festin de Babette.

  On aura compris qu’avec son Lion au déjeuner, Laurent Frontère a voulu offrir une petite douceur à ses lecteur.

  Ce roman est une œuvre de fiction pure et aucun des personnage n’a eu une existence réelle. Le déjeuner dont il est question réunit sous un marabout deux jeunes anglaises, Nancy et Jane, amies d’enfance qui se sont connues à Ashford dans le Kent, et deux indigènes, Afàssim et son neveu Akoùlim, Yirimis habités par l’esprit du Grand-Koudou.

  Nancy est l’épouse de Robert Goldwin. Le couple, récemment expatrié, a installé un drugstore à N’Kozo, la bourgade locale. Jane est aussi “Mrs Philip Peary ». Les époux Peary ont racheté quelques années plus tôt une plantation de café qui, à l’image de celle de Karen Blixen, ne prospère guère.

  Parmi les locaux, citons Djidab Okakango, Kalenjin à l’anglais approximatif qui est le régisseur de cette plantation, et Cissé, le boy des époux Goldwin. Il y a aussi Humphrey Ramafaasi, commandant en chef du poste de gendarmerie de N’Kozo et son adjoint Ekebe. Il y a aussi Jumaï Foyana, ouvrier dans la plantation et par qui le scandale est arrivé, Philip Peary ayant Lion gravureeu la détestable idée de lui lacérer le dos de quelques coups de chicote. Car il arrive à Peary d’être excessif, surtout quand il a un coup de trop dans le nez.

  En outre, deux animaux jouent un rôle notable :
– un veau nommé Zoyo, rebaptisé par la suite Azézéyamanokolo. Rendons grâce à ce jeune bovidé car sans sa fugue, rien ne serait arrivé ;
– un jeune lion efflanqué de trois ans, anonyme. Il subit la domination d’un certain Fanza, le mâle dominant, et se méfie des hommes en général et des Yirimis en particulier depuis que sa demi-sœur a reçu un coup de sagaie fatal propulsé par un jeune chasseur devant montrer sa bravoure.

  Pas plus que les personnages, les lieux cités n’ont de réalité tangible et il serait vain de chercher sur une carte N’Kozo, Kassoudi, N’Zenzé, Sarhaan, le district de Baamba, les gorges de Yambala et la vallée de Kehinde qui sont autant de décors de théâtre situés à quelques dizaines de kilomètres au nord de Nairobi, seule ville ayant une réalité attestée. Le contexte historique post-colonial de la fin des années quarante y est aussi décrit de manière plutôt approximative. Les indigènes y sont Massaïs, Kikuyus ou Turkanas, Kalenjin, ce qui est bien plausible ; mais les deux convives, Afàssim et son neveu Akoùlim, assurent être yirimis, ethnie improbable des flancs du mont Kenya – ces dames pensent avoir affaire à des Koyopas.

  La description botanique des lieux s’attache à des incongruités locales authentiques comme l’arbre à saucisson ou les acacias siffleurs. Il n’en est pas de même de l’oukoulé aux délicieuses baies sucrées.