
Lennie Connery-Chatterton (1926-2008) nous raconte ici sa vie, au travers de confidences recueillies pieusement par Laurent Frontère.
Cette Anglaise est née dans le Sussex. Les Chatterton sont des baronets et y habitent une splendide propriété. Les Connery, la branche maternelle d’origine écossaise, connaissent des revers de fortune. Mais Lennie va bientôt rejoindre son père, major de l’armée des Indes, du côté de Lahore, région agitée par des velléités d’indépendance. Cette enfance radieuse va bientôt connaître ses drames.
Nous retrouverons bientôt Lennie, infirmière lors de la « dernière guerre », puis assistante d’un vétérinaire. L’intérêt qu’elle porte aux primates la conduira bientôt au Tanganyika, puis au Venezuela, sur les pas de Alexandre von Humboldt, à la recherche d’un grand singe méconnu : le ouakari chauve géant des montagnes. Ce sera l’occasion pour le lecteur de rejoindre les sources de l’Orénoque et l’impénétrable Sierra Parima, avec ses tepuys, hauts plateaux coupés du reste du monde par des falaises vertigineuses.

Dès lors, à l’image d’une Dian Fossey ou d’une Jane Goodall, la vie de Lennie sera dédiée à ce singe, notre lointain cousin. Pas complètement, puisque Lennie ne néglige rien de ses compagnons masculins.
Malheureusement pour elle, le ouakari chauve n’est pas du tout photogénique. Et en plus, il est complètement stupide. C’est pourquoi, notre Lennie n’a pas connu la renommée de ses consœurs qui lui devraient pourtant beaucoup. La notoriété tient décidément à peu de choses.
Peut-être aussi à un tempérament un rien excessif : Lennie peut être jalouse, colérique, violente… et au final, parfaitement humaine.

Cette biographie imaginaire est ainsi l’autopsie d’un ratage. Elle regarde avec bienveillance nos propres faiblesses, qui ont quelques chances d’être moindres que celles de l’excessive Lennie. De quoi se réconcilier avec sa propre médiocrité.